…et des fous de Bassan, des hirondelles, des moineaux, et… Une nouvelle étude suggère qu’il y a 50 milliards d’oiseaux en activité dans le monde. Certaines espèces sont abondantes, d’autres se sont réduites à moins de 5 000 individus

Si nous savons qu’il existe environ 11 000 espèces d’oiseauxdans le monde, cela ne nous dit pas combien d’oiseaux il y a. Je me souviens d’avoir déjà lu dans un manuel d’ornithologie qu’il y avait environ 200 milliards de créatures à plumes sur la planète. Il y a environ un quart de siècle, une estimation scientifique a donné un chiffre plus élevé, entre 200 et 400 milliards d’oiseaux. Mais il s’avère que cette estimation était fondée sur des méthodes périmées de collecte de données et sur une analyse erronée.

Nous avons aujourd’hui une meilleure idée des chiffres réels. Selon une étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences au printemps dernier, sur la base de 9 700 espèces bien étudiées, le nombre réel est d’environ 50 milliards, soit six oiseaux pour chaque humain sur Terre. L’équipe de recherche, qui travaille principalement à partir de l’université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie, a utilisé plusieurs sources de données pour estimer le nombre total d’oiseaux, notamment des données recueillies par Partners in Flight, un consortium d’organisations qui étudient la migration des oiseaux dans le monde entier, BirdLife International, la principale organisation mondiale de protection des oiseaux, et eBird, une source relativement nouvelle de données de « science citoyenne » à partir d’observations de bénévoles.

Parmi les informations fascinantes de cette étude, les chercheurs ont identifié les quatre seules espèces dont les effectifs mondiaux dépassent le milliard : le moineau domestique (1,6 milliard), l’étourneau sansonnet (1,3 milliard), le goéland à bec cerclé (1,2 milliard) et l’hirondelle rustique (1,1 milliard). J’avoue avoir été un peu surpris (et réconforté!) par ce dernier chiffre, ne serait-ce que parce qu’il est bien connu que les insectivores aériens font partie des espèces aviaires les plus menacées au monde.

Un autre chiffre plus décevant apparait à l’autre extrémité de l’échelle d’abondance : au moins 1180 espèces comptent moins de 5000 individus vivants aujourd’hui. Nous devons redoubler d’efforts pour inverser ce chiffre si nous voulons éviter de perdre d’autres espèces.

À côté de cette tendance inquiétante, il y a l’histoire éton-nante d’un couple reproducteur de plongeons huards à Seney National Wildlife Refuge, dans la péninsule supérieure du Michigan. Un mâle de 34 ans et une femelle d’au moins un an plus âgée—nous le savons, car chaque oiseau porte une bague numérotée en aluminium—sont les plus vieux huards connus en vie. Le couple, qui revient au refuge pour se reproduire chaque année, a élevé 29 petits. Pour que ces remarquables huards vivent aussi longtemps et se reproduisent avec autant de succès, ils ont dû faire face à de nombreux dangers : l’acidification des lacs, la réduction des populations de poissons, le mercure toxique d’origine naturelle et d’origine humaine, l’empoisonnement au plomb dû aux engins de pêche égarés, les perturbations pendant la saison de reproduction causées par les humains qui envahissent l’habitat et, surtout, leur migration annuelle de 5000 km vers la Floride et retour, plus dangereuse que jamais en raison des systèmes météoro-logiques de plus en plus perturbés associés au réchauffement de la planète. Ces deux oiseaux ont même réussi à survivre à deux épidémies distinctes de botulisme à Seney qui ont décimé la population du refuge, qui ne s’est pas encore totalement rétablie.

Ces huards peu communs sont un rappel réconfortant de la résilience aviaire. Il nous appartient à tous de faire en sorte que tous les oiseaux aient la même chance.

Tiré du magazine Biosphère. Pour découvrir le magazine, cliquez ici. Pour vous abonner à la version imprimée ou numérique ou bien acheter le dernier numéro, cliquez ici.