On s’attend à ce qu’il y ait plus de feux incontrôlés au cours du 21e siècle. D’ailleurs, on remarque déjà cette tendance dans les régions boréales du nord-ouest du Canada. Qu’est-ce que ça signifie pour le Canada et nos forêts?
Si vous aviez la chance d’observer la planète Terre de l’espace, vous verriez une large bande verte entourant le nord. Il s’agit de forêts boréales, un des plus vastes et plus importants écosystèmes au monde. Le Canada abrite environ un tiers des forêts boréales de la planète et environ 10 % de la couverture forestière mondiale.
Nos forêts sont d’une grande valeur écologique et économique et fournissent un habitat essentiel à la faune. Par exemple, la forêt boréale du Canada contient 25 % des terres humides d’eau douce de la planète. Ces écosystèmes sont la crèche de milliards d’oiseaux et contribuent à atténuer les effets du changement climatique en absorbant et en emmagasinant des gaz à effet de serre. De nombreux enjeux menacent les forêts du Canada et la faune qu’elles abritent, dont le changement climatique et la perte et fragmentation d’habitats. Mais qu’en est-il des feux incontrôlés?
Un feu incontrôlé ou un feu de végétation est un feu qui se propage rapidement sur des étendues de végétation. La saison des feux incontrôlés au Canada s’étend d’avril à octobre et atteint son apogée en juin, juillet et août. Depuis 1990, les feux incontrôlés au Canada ont consumé une moyenne de 2,5 millions d’hectares de forêt par année. On s’attend à ce qu’il y ait plus de feux incontrôlés au cours du 21e siècle. D’ailleurs, on remarque déjà cette tendance dans les régions boréales du nord-ouest du Canada. Qu’est-ce que ça signifie pour le Canada et nos forêts?
Le feu : ami ou ennemi?
Un forêt brûlée où l’épilobe à feuilles étroites pousse avec joie. Un feu aide à garder les écosystèmes en santé.
Les feux ont beaucoup d’effets sur les forêts canadiennes, mais ils ne représentent pas toujours une menace. En effet, un petit nombre de petits feux sont mis délibérément par des aménagistes forestiers autorisés pour promouvoir la régénération. Le feu peut aider à maintenir des écosystèmes en santé en éliminant la quantité de combustibles qui s’accumulent sur le sol, comme le débris ligneux, et en permettant une robuste régénération de la végétation.
Certaines espèces sont dépendantes du feu. Par exemple, le pin libère des graines lorsque sa cocotte s’ouvre grâce à la chaleur du feu. L’orignal et le wapiti dépendent de la végétation provenant de la régénération. D’autres espèces mangent les proies mortes à la suite d’un feu, comme le pic à dos noir qui peut facilement repérer des scolytes morts dans le bois brûlé.
Mais le feu peut aussi nuire aux espèces et aux espaces sauvages. Après un feu incontrôlé, certaines espèces de plantes et d’animaux ont besoin de plusieurs années pour se rétablir. D’autres encore disparaissent du paysage pour toujours. Les feux incontrôlés déplacent de nombreuses espèces d’oiseaux et de mammifères qui dépendent des forêts anciennes. Les espèces moins mobiles et moins rapides incapables de s’enfuir périssent dans le feu ou à cause de la fumée. Et de nombreuses espèces d’arbres, comme le sapin baumier et l’épinette blanche, prennent longtemps à recoloniser les régions incendiées.
En plus de nuire à la faune, les feux incontrôlés ont des effets dévastateurs sur l’humain et l’économie. En 2016, les feux incontrôlés dans la région de Fort McMurray en Alberta se sont propagés sur 590 000 hectares, détruisant 2 400 domiciles et édifices et forçant 80 000 personnes à évacuer. Et les feux incontrôlés ont engendré des états d’urgence en Colombie-Britannique en 2017 et 2018.
Feux incontrôlés et changement climatique
Malheureusement, on prévoit une augmentation des feux incontrôlés au Canada au cours du 21e siècle en raison du changement climatique, ce qui aura de sérieux effets sur l’environnement et l’économie. Comparativement aux dernières décennies, la superficie incendiée pourrait doubler au pays d’ici la fin du siècle. Nos forêts boréales seront particulièrement touchées.
Pourquoi le changement climatique est-il partiellement responsable de cette augmentation? Un climat plus chaud peut exacerber les conditions propices aux incendies et prolonger la saison des feux. Les éclairs sont responsables d’environ 50 % des feux incontrôlés au Canada. Chaque degré de réchauffement planétaire a le potentiel d’accroître le nombre de foudroiements. Les températures plus chaudes peuvent aussi augmenter l’abondance de végétation morte, sèche ou endommagée, ce qui peut causer des feux incontrôlés plus intenses, surtout si les précipitations n’augmentent pas aussi.
Les scientifiques mènent des recherches sur les effets potentiels de la variabilité climatique sur les feux incontrôlés et élaborent des stratégies de réponses éventuelles. Mais nous pouvons tous faire notre part en comprenant mieux le changement climatique et en travaillant pour atténuer ses effets. Nos forêts – et tous les autres écosystèmes – en dépendent.