Il y a maintenant près de 10 ans depuis que nous avons découvert le syndrome du museau blanc au Canada, une maladie fongique dévastatrice qui touche les chauves-souris hibernantes.
Il y a 19 espèces de chauves-souris au Canada, mais elles ne sont pas toutes touchées par le syndrome du museau blanc. Certaines espèces de chauves-souris migrent vers le sud pour l’hiver au lieu d’hiberner, tandis que d’autres habitent dans des régions du Canada qui n’ont pas encore été atteintes par le syndrome du museau blanc, comme l’Alberta, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique. Malheureusement, le syndrome du museau blanc continue de se répandre vers l’ouest. On le retrouve maintenant au Manitoba et dans toutes les provinces à l’est de celle-ci.
Trois espèces de chauves-souris sont touchées
Il y a trois espèces de chauves-souris au Canada qui ont été gravement touchées par le syndrome du museau blanc :
- La petite chauve-souris brune
- Le vespertilion nordique
- La pipistrelle de l’Est
Les chercheurs estiment qu’environ six millions de chauves-souris ont été tuées par cette maladie en Amérique du Nord. Dans certaines régions des provinces atlantiques, les populations de chauves-souris ont connu une baisse de 99 %. Des tendances semblables ont pu être observées dans les endroits touchés au Québec et en Ontario.
Certaines espèces de chauves-souris ont été atteintes par la maladie, mais pour des raisons qu’on ignore, sont moins gravement touchées. C’est le cas entre autres de la grande chauve-souris brune et du vespertilion pygmée. Mais il y a de l’espoir : en dépit des taux de mortalité élevés, la petite chauve-souris brune persiste au Canada et arrive même à se reproduire !
Au début de juillet, nous avons attrapé une petite chauve-souris brune et son bébé (se faisant allaiter ci-dessus) dans une pouponnière au Nouveau-Brunswick. Ce bébé ne peut pas encore voler, mais sa mère peut voler en le portant, bien qu’il soit presque aussi lourd qu’elle!
À la naissance, la petite chauve-souris brune pèse environ 30 % du poids de sa mère. La pouponnière en question se trouvait dans un abri pour chauves-souris. Or, on retrouve également des pouponnières dans des greniers, comme celle de cette grande chauve-souris brune (ci-dessous) située dans un grenier en Ontario.
Enfin, de bonnes nouvelles!
J’ai étudié des colonies de chauves-souris durant la saison de mise bas (fin mai, juin et début de juillet) en Ontario, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick. Jordi Segers (bureau national du Réseau canadien pour la santé de la faune) et Tessa McBurney (centre régional de l’Atlantique du Réseau canadien pour la santé de la faune) m’ont aidée, parmi d’autres. Toutes les chauves-souris que nous avons attrapées étaient en santé. La majorité des femelles avaient des petits, en dépit de la présence depuis plusieurs années du syndrome du museau blanc dans ces provinces. L’étude de surveillance de la Fédération canadienne de la faune dans la région d’Ottawa a produit des résultats semblables.
Recherches sur les chauves-souris
Afin de recueillir les données nécessaires aux recherches sur les chauves-souris, nous devions d’abord les attraper. Nous avons utilisé deux types de pièges afin d’attraper les chauves-souris pour pouvoir les mesurer et recueillir des échantillons à des fins de recherche.
Filets japonais
Les filets japonais sont les mêmes qui sont utilisés pour attraper des oiseaux. Voici de grandes chauves-souris brunes attrapées dans des filets japonais au Nouveau-Brunswick en juin 2019.
Pièges harpes
Voici un exemple d’un piège harpe installé devant une mine abandonnée au Nouveau-Brunswick durant la saison d’essaimage (août et septembre). Les chauves-souris sont prises au vol dans les lignes de pêche étendues dans le cadre (comme une harpe) et tombent dans le sac en dessous.
La saison d’essaimage représente la saison d’accouplement pour les chauves-souris, alors qu’elles se rassemblent dans des hibernacles (sites d’hibernation) potentiels, comme des cavernes et des mines.
Durant les études sur l’essaimage menées en Ontario, nous avons eu la chance d’attraper le mâle d’une magnifique chauve-souris rousse dans un de nos pièges harpes. La chauve-souris rousse est dimorphe, c’est-à-dire que les mâles et les femelles ne se ressemblent pas. Les femelles ne sont pas aussi colorées que les mâles. La chauve-souris rousse est une espèce migratrice. Elle n’est donc pas touchée par le syndrome du museau blanc. Par contre, les chauves-souris migratrices se font souvent tuer par des éoliennes durant leur voyage vers le sud.
Malheureusement, le nombre de chauves-souris attrapées au Nouveau-Brunswick durant la saison d’essaimage était nettement inférieur à ce qu’on pouvait voir avant la présence du l syndrome du museau blanc. Bien que les chauves-souris se reproduisent, il faudra de nombreuses années avant que les populations puissent se rétablir des forts taux de mortalité causés par cette maladie.
Ce que vous pouvez faire
Fournissez un perchoir à une femelle et son petit! La Fédération canadienne de la faune peut vous guider à toutes les étapes. Téléchargez d’abord ces instructions gratuites. La construction d’un abri pour chauves-souris entre avril et juin fournira un perchoir pour une femelle qui attend un petit. Les chauves-souris ont seulement un rejeton par année. Il est donc essentiel à leur survie de leur fournir un refuge sûr.
Les chauves-souris font également d’excellentes voisines. Elles aident à contrôler les populations d’insectes durant le printemps et l’été.