Alors que le choc des terribles événements de cette année commence à se dissiper, une série de réunions sont en cours pour nous préparer pour l’avenir. Ces rencontres sont motivées par une question : comment pouvons-nous sauver la baleine noire?
Une leçon d’histoire
La première étape consiste à comprendre ce qui s’est passé et la façon dont cela s’est déroulé. En 2015 et 2016, des levés ont été effectués par avion, bateau et planeur sous-marin dans le sud du golfe du Saint-Laurent et ont permis d’identifier une aire d’alimentation de la baleine noire de l’Atlantique Nord. À notre connaissance, quatre baleines noires ont péri dans cette zone au cours de ces deux années.
Mai 2017 : Deux cohortes de crabes des neiges de la pêcherie du sud du golfe ont atteint l’âge commercial en même temps, ce qui a entraîné un doublement du quota de crabes des neiges et donc, une augmentation de l’effort de pêche. Nous ne nous attendions pas à ce que les baleines noires soient dans le golfe dès le mois de mai (le début de la saison du crabe des neiges), mais les données acoustiques de la région du détroit de Cabot ont indiqué plus tard que les cétacés avaient fait leur entrée dans le golfe au cours de la première semaine de mai. Cela a augmenté les risques d’empêtrement des baleines noires dans les engins de pêche et le nombre d’obstacles pour ces mammifères dans l’eau.
Juin 2017 : Au début de l’été, les baleines ont commencé à mourir à la suite de traumatisme contondant provoqué par une collision avec un navire ou par l’empêtrement dans l’engin de la pêche aux crabes des neiges.
De juillet à septembre 2017 : À la mi-septembre, 12 baleines noires avaient été trouvées mortes ainsi que bon nombre d’animaux encore vivants trouvés empêtrer. Cet été, plus d’un quart de la population était présente dans le golfe bien que notre planeur sous-marin dans le bassin Roseway restait plutôt silencieux (c’est-à-dire que très peu de baleines noires ont été repérées à cet endroit). À la suite de la fermeture de la pêche aux crabes des neiges et de l’imposition de limites de vitesse pour les navires dans la région, les travaux de levés par planeur sous-marin, avion et bateau se sont intensifiés dans le golfe cette année et ont élargi la zone d’habitat connue du golfe considérablement. Les baleines noires demeurent dans le golfe encore aujourd’hui.
Qu’allons-nous faire maintenant?
Puisqu’il ne reste que 100 femelles reproductrices dans l’ensemble de la population des baleines noires, celles-ci sont en sérieuse difficulté. Cependant, la suite de décès de cette année a décuplé notre détermination à trouver des solutions pour conserver cette espèce. Sans plus tarder, nous devons attaquer de plein front trois problèmes : comment réduire les empêtrements dans les engins de pêche; comment réduire les risques de collision avec les navires et comment poursuivre la surveillance de ces animaux.
Changer les engins de pêche
En ce qui concerne les engins de pêche, l’équipement sans corde semble être une solution à long terme et celle que préconise la communauté de conservation de la baleine noire. L’équipement de pêche sans corde élimine les lignes verticales dans lesquelles les baleines noires et d’autres animaux deviennent empêtrer. Certains prototypes technologiques ont été mis au point et le ministre de Pêches et Océans Canada s’est montré favorable à l’idée de développer ces technologies expérimentales lors de sa récente table ronde le 9 novembre dernier.
Réduire les collisions avec les navires
Les limites de vitesse et le déplacement de la voie navigable ont permis de réduire les risques de collision avec les baleines noires dans d’autres zones marines fréquentées par ces cétacés. À l’heure actuelle, ce sont les seules solutions possibles. En collaboration avec nos partenaires de l’industrie et du gouvernement, nous examinons les options pour les années à venir. Le fait que la zone occupée par la baleine noire dans le sud du golfe est très vaste et que le chenal maritime est très étroit complique les choses. Pour aider, le projet WHaLE met actuellement au point un système d’alerte en temps réel pour les navires qui traversent les eaux canadiennes afin de permettre aux exploitants de réagir à la présence inattendue de baleines noires, comme cela s’est produit en 2015.
Nous restons à l’écoute
Finalement, sur le plan de la surveillance, nous intensifions les activités des planeurs sous-marins prévues au printemps et à l’été 2018 en collaboration avec nos nombreux collègues dans les airs et sur l’eau. Nous serons de retour l’an prochain!