Deux mammifères des prairies interreliés dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler

Espèce no 1 : le chien de prairie à queue noire 

Le chien de prairie à queue noire (Cynomys ludovicianus) est si rare au Canada qu’il ne s’y trouve qu’à un endroit : le parc national du Canada des Prairies. Le chien de prairie a été documenté pour la première fois au Canada en 1938, lorsque la première « ville » de l’espèce a été découverte. Les colonies les plus proches se trouvaient au Montana, à une distance de plus de 20 kilomètres, soit beaucoup trop loin pour que les populations puissent se reproduire entre elles. Selon les estimations, chaque hectare de prairie comptait environ 3,6 adultes et 12,6 juvéniles. Cela ne représente pas beaucoup de chiens de prairie! Plus simplement, le nombre de chiens de prairie était estimé entre 6 000 et 9 000. 

Un chien de prairie, la gueule pleine de graminées fourragères. © Kerianne Chant

Historiquement, le chien de prairie était considéré comme une espèce clé, puisqu’il représente une source de nourriture pour de nombreuses espèces, dont le renard véloce (Vulpes velox), la buse rouilleuse (Buteo regalis), la buse de Swainson (Buteo swainsoni), le faucon des prairies (Falco mexicanus) et l’aigle royal (Aquila chrysaetos). Leur nombre a connu un déclin de 22 à 33 pour cent au cours des années, en arrivant à un point tel qu’ils ne peuvent plus vraiment être considérés comme une espèce clé. Bien que la cause exacte de ce déclin ne soit pas entièrement comprise, l’espèce est vulnérable aux puces, aux poux et aux tiques, en plus d’être sujette aux zoonoses et à la peste sylvatique (bubonique) dont ces espèces peuvent être porteuses.  

Bien que les chiens de prairie ne soient plus une espèce clé, leurs terriers fournissent un refuge aux iguanes pygmées à cornes courtes (Phrynosoma douglassii) (une autre espèce mal connue), aux crotales des prairies (Crotalus viridis), aux chevêches des terriers (Speotyto cuicularia) et aux pluviers montagnards (Charadrius montanus). Ils continuent donc de fournir un service important en matière d’habitat au parc national du Canada des Prairies.  

Mais l’histoire se complique. Il existe un système prédateur-proie unique entre deux espèces en péril : le chien de prairie et le putois d’Amérique. 

Espèce no 2 : le putois d’Amérique

Un putois d’Amérique. © USFWSS

Le putois d’Amérique est un autre mammifère des prairies disparu des prairies canadiennes depuis 1978. Cette espèce nocturne est un carnivore obligatoire qui compte sur une proie bien précise : le chien de prairie. Cet animal ayant une drôle d’apparence a disparu en raison du déclin des chiens de prairie, de la perte des habitats de prairies, des empoisonnements et de la chasse sportive. Les putois d’Amérique utilisent aussi les terriens des chiens de prairie pour donner naissance à leurs petits et les élever.  

Des programmes de reproduction en captivité de putois d’Amérique ont été menés par des groupes de conservation comme le zoo de Toronto durant des années. L’équipe de rétablissement du putois d’Amérique a relâché plus de 269 individus dans le parc national du Canada des Prairies depuis 1992. L’institut Wilder du zoo de Calgary a aussi participé en relâchant des putois en 2018 

Des putois d’Amérique dans des enclos de préconditionnement. © Ryan Moehring, USFWS

Une survie interreliée

Le putois d’Amérique compte sur un habitat unique et une source d’alimentation bien précise, ce qui fait en sorte que le nombre de chiens de prairie déterminera à terme la réussite de son rétablissement. Sans chien de prairie, il n’y a pas de putois d’Amérique. Beaucoup d’autres espèces des prairies seraient aussi touchées. 

L’avenir du putois d’Amérique est incertain. Le dernier putois d’Amérique a été observé dans la région en  2013 et selon les experts, les preuves montrent clairement que l’espèce n’existe plus à l’état sauvage. Il y a cependant de l’espoir grâce aux efforts du parc national du Canada des Prairies pour renforcer l’habitat et la population de chiens de prairie afin de relâcher plus de putois en captivité prêts à être introduits. 

Comme les espèces des prairies entretiennent des liens très complexes entre elles, la conservation de l’habitat des prairies est d’une importance capitale pour leur survie. 

Pour obtenir un meilleur portrait du paysage du parc national du Canada des Prairies, jetez un œil à sa webcam en direct ici 

Apprenez-en plus sur ce que fait la Fédération canadienne de la faune pour aider les prairies indigènes du Canada.