Les températures dans le Nord augmentent à un rythme alarmant, environ trois fois plus vite que la moyenne mondiale.

Ce réchauffement rapide modifie le paysage de l’Arctique et influence grandement les animaux qui y vivent. Que signifie le réchauffement de l’Arctique pour nos amis à plumes? Certains d’entre eux s’adaptent. Or, de nombreux autres oiseaux de l’Arctique sont en difficulté.

Rencontrez les oiseaux qui s’adaptent aux changements

Oie des neiges (Anser caerulescens) ©Lauren Nicholl | Club de photographie de la FCF

Des températures plus chaudes? Ce n’est pas un problème pour certains oiseaux de l’Arctique! Prenons l’exemple de la starique minuscule. Cet oiseau de la taille d’un moineau accueille le temps plus chaud à ailes ouvertes, car son ventre n’a jamais été aussi plein. En raison du réchauffement climatique, les populations de zooplancton sont en plein essor, ce qui permet à la starique minuscule de se régaler de ses proies préférées.

Les oies arctiques, comme la petite oie des neiges et l’oie rieuse, bénéficient également d’un climat plus chaud. Comme il y a moins de neige au printemps, la saison de nidification commence plus tôt. Plus de temps pour élever les oisons? Oui. Plus de plantes qui poussent plus tôt comme source de nourriture? Encore mieux. Ces oiseaux adaptables prospèrent… du moins pour l’instant. 

Diminution de la couverture de glace de mer

Malheureusement, tous les oiseaux de l’Arctique ne s’en sortent pas aussi bien. De nombreuses espèces sont confrontées à la réduction de la glace de mer, à des changements dans la disponibilité des proies et même à une menace accrue de la part de prédateurs comme l’ours polaire. 

Reduced Sea Ice Cover

Mouette blanche (Pagophila eburnean) © Paul Cools | iNaturalist

La population de mouettes blanches a connu un déclin alarmant de 80 à 90 % au cours des deux dernières décennies, en raison principalement de la diminution de la glace de mer. Ces mouettes dépendent du paysage glacial pour chasser les poissons et les invertébrés qui vivent dans les eaux entre les boucs de glace flottante. Mais ce n’est pas tout : ils entretiennent une relation inhabituelle avec les ours polaires. Lorsqu’un ours polaire dévore  la carcasse d’un phoque, les mouettes blanches prennent le relais et picorent les restes. Toutefois, avec la diminution de la glace, ces occasions se font plus rares, ce qui oblige les mouettes à parcourir de plus grandes distances pour trouver de la nourriture. Le résultat? Les oiseaux deviennent épuisés et n’ont plus beaucoup d’énergie pour se reproduire.

De même, le guillemot noir chasse la morue polaire à la lisière de la glace, mais à mesure que la glace recule, il est obligé de voler plus loin pour trouver de quoi se nourrir. Toute cette énergie nécessaire pour trouver de la nourriture réduit sa capacité à se reproduire efficacement. De plus, l’absence de la glace de mer expose davantage les côtes de l’Arctique au risque d’érosion dû à l’élévation du niveau de la mer, ce qui peut nuire à l’habitat de nidification des oiseaux comme le goéland bourgmestre.

Des proies en déplacement

Guillemot noir (Cepphus grylle) © Christoph Moning | iNaturalist

Le réchauffement des eaux de l’Arctique force également certaines espèces de proies importantes comme le capelan et la morue polaire à quitter l’aire de répartition des oiseaux de mer comme le guillemot de Brünnich. Cet oiseau se nourrit de poissons plus gros et plus énergétiques, mais au fur et à mesure que ces espèces se déplacent vers le nord à la recherche d’eaux plus froides, il se retrouve avec moins d’options et avec des options moins nutritives. Cette situation nuit grandement à sa santé, et même sa reproduction est en déclin. Le guillemot noir est dans le même bateau : il est contraint de remplacer sa morue polaire préférée par des chabots moins nourrissants.

Les ours polaires élargissent leur menu

Guillemot de Brünnich (Uria lomvia) © Christoph Moning | iNaturalist

Avec moins de glace pour chasser les phoques, les ours polaires passent plus de temps sur terre ferme, où ils ont développé un goût pour les oiseaux. Bien que les phoques soient leur proie de prédilection, ils n’hésitent pas à engloutir un goéland bourgmestre ou un guillemot de Brünnich lorsqu’ils en ont l’occasion. Ces énormes prédateurs s’attaquent même aux nids des oiseaux de mer, ce qui réduit encore les chances de reproduction de ces espèces déjà stressées. Mais n’oublions pas que les ours polaires sont eux aussi stressés. Les proies comme les oiseaux de mer sont petites, ce qui signifie qu’ils doivent chasser beaucoup plus pour absorber suffisamment de calories. S’ils ne mangent pas assez, ils n’accumulent pas assez de réserves de graisse pour survivre.