Les probiotiques pourraient-ils ralentir la propagation du syndrome du museau blanc dans l’Ouest canadien?

Des chercheurs de l’Alberta passent à l’action dans la lutte contre un champignon mortel qui a décimé les populations de petites chauves-souris brunes, de vespertilions nordiques et de pipistrelles de l’Est dans l’est du Canada et qui frappe maintenant les Prairies. Ciblant la petite chauve-souris brune, le traitement novateur consiste à pulvériser un cocktail probiotique dans les abris pour chauves-souris pendant que ces mammifères en voie de disparition sortent chasser les insectes. Le probiotique est un mélange de bactéries bénéfiques naturellement présentes, conçu pour recouvrir les ailes des chauves-souris à leur retour. Cette démarche pourrait aider à empêcher le champignon mortel de pénétrer leur peau, et les chauves-souris pourraient même être capables de transférer le probiotique à d’autres congénères.

Freiner la propagation

Little Brown Bat with White-nose Syndrome

Le champignon responsable du syndrome du museau blanc (SMB) a été détecté pour la première fois au Canada en 2009, puis signalé en Alberta en 2022, près du parc provincial Dinosaur. Les chauves-souris infectées présentaient littéralement des trous dans leurs ailes causés par le champignon. Elles souffraient aussi gravement de malnutrition. Les conservationnistes ont dû agir rapidement pour surveiller et atténuer la situation. Comme la plupart des chauves-souris canadiennes ne donnent naissance qu’à un seul petit par année, leur croissance démographique est très lente. Les chauves-souris infectées ne sont probablement pas capables d’élever leurs petits, ce qui rend la situation très préoccupante. La maladie a déjà ravagé les populations de chauves-souris dans l’est du Canada et, malgré tous les efforts déployés pour sauver les espèces touchées, de nouvelles stratégies s’imposaient pour ralentir la propagation dans l’Ouest. Dans l’ensemble, le SMB a déjà causé la mort de plus de dix millions de chauves-souris dans l’est de l’Amérique du Nord.

De bonnes bactéries

Bat hibernaculum ©Dave Hobson | AEP

Alors que des chercheurs aux États-Unis travaillent à développer un vaccin contre la maladie, des essais d’un traitement probiotique sont en cours en Alberta. Le mélange a été mis au point par des scientifiques de la Wildlife Conservation Society Canada, de l’Université McMaster et de l’Université Thompson Rivers. Il a été détecté dans des secteurs où il n’avait pas été appliqué, ce qui démontre que les chauves-souris pourraient le transférer entre elles. Le probiotique est également testé en Colombie-Britannique depuis 2018 dans des gîtes de maternité. Les essais dirigés par le gouvernement se poursuivent encore, mais l’espoir demeure que ces bonnes bactéries offrent une protection contre la propagation du champignon responsable de la maladie.

Propagation du champignon

Pendant l’hibernation des chauves-souris, le champignon mortel est à son pire. Il prospère dans des conditions froides et humides et s’infiltre dans les ailes des chauves-souris, échappant à leur système immunitaire. Cette situation réveille les mammifères à un moment où la nourriture n’est pas disponible et épuise ainsi leurs réserves de graisse. Le champignon à l’origine de la maladie a été découvert pour la première fois aux États-Unis en 2006 et au Canada en 2009. Il recule enfin dans les provinces de l’Atlantique, certaines chauves-souris montrant des signes de résistance, bien que les effectifs de ces populations demeurent extrêmement faibles. Entre-temps, des chercheurs américains ont découvert un lien entre le comportement du champignon et la façon dont les cancers du poumon humains survivent et croissent, ce qui a mené à des essais cliniques de médicaments rapportés dans le numéro de juillet 2024 de Science Daily.

Des abris hors du commun

cwf bat house hor

Les chauves-souris s’abritent naturellement dans des grottes et des cavités d’arbres, mais comme ces espaces sauvages se font de plus en plus rares, elles ont besoin d’autres options pour se loger. Les abris artificiels peuvent fournir un habitat essentiel aux mammifères qui ont perdu leur gîte naturel en raison du développement ou qui ont été évincés des habitations humaines. La FCF et ses partenaires travaillent activement à aider les Canadiens à découvrir quels modèles d’abris et quels emplacements fonctionnent le mieux selon la région du pays. Les résultats de notre étude nationale sur les abris pour chauves-souris fournissent plusieurs conseils importants :

• Installez les abris sur des bâtiments et placez-les à au moins trois mètres du sol.
• Offrez idéalement plusieurs abris qui fournissent un mélange de soleil et d’ombre.
• Les grands abris comportant au moins trois chambres sont les plus fréquentés.
• Des évents à l’avant et sur les côtés réduisent le risque de surchauffe mortelle à l’intérieur de l’abri.

Un effort qui en vaut la peine

Chaque année, les chauves-souris font économiser des millions de dollars à l’industrie agricole canadienne en consommant des insectes et en réduisant le besoin d’avoir recours aux pesticides. Une chauve-souris canadienne peut attraper des centaines d’insectes en une seule heure. En fait, elles consomment généralement entre 30 et 50 % de leur poids corporel en insectes au cours d’une nuit; une femelle enceinte peut consommer jusqu’à 100 % de son poids en insectes chaque nuit. Une colonie en santé peut protéger les jardins et les cultures contre les dommages et les ravageurs. On estime d’ailleurs que leur valeur pour l’économie atteint au moins 30 millions de dollars.

Pour en savoir plus sur ces mammifères importants et souvent incompris, visitez Aidonsleschauves-souris.ca.