Une seule chauve-souris peut manger environ 1 000 insectes par nuit selon l’espèce et la taille. Ce faisant, elle contribue à réguler les populations d’insectes et joue un rôle essentiel dans la santé des écosystèmes. Elle rend aussi un service précieux à notre agriculture et à notre économie. Mais les activités humaines ont eu de nombreux effets néfastes sur ces petits alliés, et ils ont besoin de notre aide. Voici quelques façons de faire pencher la balance en leur faveur.

Limitez vos visites dans les grottes

Little Brown Bat with White-nose Syndrome

 

Le syndrome du museau blanc est une maladie fongique qui aurait été introduite en Amérique du Nord par une personne dont l’équipement avait servi dans des grottes européennes. Les chauves-souris d’Europe ont évolué pour s’adapter à ce champignon, mais il est encore beaucoup trop nouveau pour les chauves-souris canadiennes. Des millions d’entre elles sont mortes au cours des dix dernières années comme résultat. Même si la situation peut sembler hors de notre contrôle, vous pouvez contribuer à limiter la propagation du champignon en visitant les grottes uniquement en compagnie d’un expert qui connaît les protocoles appropriés, notamment la décontamination de l’équipement et l’interdiction d’apporter du matériel d’un endroit infecté à une région non infectée.

Et puisqu’un système immunitaire fort peut aider nos chauves-souris à s’adapter avec le temps, il est essentiel de réduire leur stress. Évitez donc d’entrer dans les grottes pendant leur période d’hibernation, généralement de novembre à mars. Tout comme le syndrome du museau blanc, les visites hivernales dans les grottes peuvent réveiller les chauves-souris et les amener à brûler des réserves de graisse essentielles à leur survie.

Apprenez à aimer (ou à moins détester) les insectes

Les chauves-souris canadiennes dépendent entièrement des insectes pour se nourrir. D’autres espèces sauvages en ont aussi besoin, comme de nombreux oiseaux que vous aimez observer dans votre arrière-cour. Or, nos insectes sont en fort déclin.

Les insectes indigènes jouent pourtant un rôle essentiel dans la santé des écosystèmes : pollinisation, décomposition, lutte contre les ravageurs… et ils servent eux-mêmes de nourriture à d’autres espèces. Le célèbre scientifique E. O. Wilson les a d’ailleurs qualifiés de « petites créatures qui font tourner le monde ».

Bien que certains insectes piquent ou causent des dommages, la majorité des espèces vivent à nos côtés sans même qu’on s’en aperçoive. Nous pouvons leur donner un coup de pouce — et ainsi aider les chauves-souris, les oiseaux et bien d’autres — en commençant par les voir comme des voisins importants.

Dites non au poison

Les pesticides (insecticides et herbicides) contaminent nos cours d’eau, qu’il s’agisse du ruissellement de votre terrain vers un lac ou de l’écoulement dans un drain qui finit par rejoindre une rivière. Les insecticides, en particulier, nuisent à nos chauves-souris en éliminant leur source de nourriture. Et les insectes qui survivent deviennent souvent une nourriture toxique.

Ainsi, que vous soyez tenté de pulvériser votre cour contre les moustiques (une pratique qui nuit à de nombreux autres animaux) ou vos plantes contre des insectes nuisibles, souvenez-vous que les conséquences sont multiples et qu’il existe des solutions de rechange. Consultez notre feuillet Contrôle naturel des insectes pour découvrir des solutions aux problèmes les plus courants concernant les plantes.

Pour réduire les moustiques dans votre cour, couvrez vos barils de récupération d’eau de pluie, changez l’eau des bains d’oiseaux au moins deux fois par semaine, éliminez toute eau stagnante qui s’accumule pendant plus de quelques jours et essayez cette astuce simple avec un seau :

https://www.youtube.com/shorts/e12bMW3quBE

Plantez-les et ils viendront

Arrowwood viburnum
Les baies bleu violacé du cornouiller à feuilles alternes. ©FCF

 

La perte d’habitat, en grande partie causée par le développement humain, est un problème majeur. Mais dans bien des cas, nous avons le pouvoir d’en atténuer les effets. Songez à réduire la taille de votre pelouse et à y intégrer davantage de plantes indigènes ou d’autres plantes herbacées bénéfiques. Si vous disposez de l’espace nécessaire, plantez un ou plusieurs arbres indigènes, ou, si votre espace est plus petit, des arbustes. Tous deux offrent un habitat essentiel à une multitude d’animaux sauvages, y compris les insectes dont les chauves-souris dépendent.

Et si vous habitez en bordure d’un lac ou d’une rivière — des milieux que les chauves-souris fréquentent autant pour chasser que pour s’abreuver — vous pouvez préserver ou restaurer la végétation indigène sur le rivage. La végétation en bordure des cours d’eau est importante non seulement pour prévenir l’érosion, filtrer le ruissellement et protéger l’habitat des espèces aquatiques et terrestres qui y vivent, mais, comme toute autre plante, elle favorise les insectes… qui soutiendront à leur tour les chauves-souris.

Les chicots des arbres sont précieux

De nombreuses espèces de chauves-souris canadiennes se cachent, dorment et élèvent leurs petits sous l’écorce des vieux arbres, y compris les chicots — ces arbres morts ou mourants. Ces mêmes arbres abritent aussi des dizaines d’espèces d’oiseaux qui y nichent ou s’y reposent.

Malheureusement, les chicots sont souvent abattus, considérés comme inesthétiques ou dangereux. Pourtant, si vous en avez un sur votre terrain et qu’il est possible et sécuritaire d’en enlever les branches ou le sommet tout en laissant le tronc principal en place, il peut représenter une véritable bouée de survie pour les chauves-souris… mais aussi pour les sittelles, les pics-bois, les mésanges, les petites chouettes, certains canards et bien d’autres encore!

Installez un abri pour chauves-souris et partagez vos données

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Pour pallier le manque d’arbres adéquats, on peut installer un abri pour chauves-souris, de préférence sur le mur d’un bâtiment, mais aussi sur un poteau. Cette solution est souvent très utile, même si nous en apprenons encore beaucoup en tentant d’imiter l’abri naturel que procurent les grands arbres. Le projet canadien d’abris pour chauves-souris de la FCF a permis aux propriétaires d’abris de partager de l’information sur leur abri et sur la façon dont s’en servent les chauves-souris. Ce projet s’est révélé si précieux que nous le poursuivons.

Nous vous invitons à enregistrer votre abri et à surveiller les chauves-souris qui l’occupent. Vous fournirez ainsi des données inestimables sur les types et la répartition des abris et sur les espèces qui les utilisent. Nous voulons aussi savoir si les chauves-souris n’utilisent pas vos abris. Ces renseignements sont tout aussi importants et permettront à la FCF d’améliorer la conception et l’installation des abris adaptés au climat canadien, car les abris pour chauves-souris ne sont pas tous aussi efficaces les uns que les autres.

Expulsions sécuritaires

Si des chauves-souris se trouvent dans votre bâtiment, la meilleure chose à faire — si elles ne posent pas de problème et que leur présence ne vous dérange pas — est de les laisser tranquilles. Mais si leur présence vous préoccupe, vous pouvez apprendre tout ce qu’il faut savoir pour les mettre à la porte de façon sécuritaire.

Vous trouverez aussi des conseils importants pour fabriquer ou acheter un abri pour chauves-souris et l’installer afin de leur offrir un refuge de rechange. Elles pourront ainsi y élever leurs petits durant l’été avant de migrer ou de se déplacer vers des grottes pour l’hiver.

Apprenez-en plus sur les chauves-souris du Canada’s>