Il ne faut pas grand-chose pour blesser un cerveau humain.

Par exemple, on peut subir une commotion cérébrale (un type de traumatisme cérébral léger) simplement en heurtant un objet, en recevant un coup ou une secousse à la tête ou au corps qui fait bouger rapidement le cerveau à l’intérieur du crâne. Une simple chute ou un choc, soumis à une force équivalant à 60 à 100 fois celle de la gravité, peut suffire pour causer une blessure. Ces traumatismes peuvent aussi avoir des effets à long terme sur la santé, d’où l’importance de protéger son crâne.

COGNER SANS DANGER

Pileated woodpecker adult with young
D’autres créatures ne sont pas aussi prudentes – ni ont-elles besoin de l’être! Certaines espèces doivent littéralement se servir de leur tête pour créer un abri, communiquer, creuser pour trouver de la nourriture, attirer les membres du sexe opposé ou défendre leur territoire. C’est le cas du grand pic. Cet oiseau, et d’autres du même genre, peut marteler jusqu’à 17 – voire 20 – coups par seconde et effectuer de 10 à 30 coups avant de s’arrêter. Et il ne tape pas sur du mou! Il martèle du bois dur. À chaque coup de bec, son petit crâne absorbe une force équivalant à 1 400 fois la gravité terrestre. L’effet est comparable à celui d’un mini marteau-piqueur. Le pic peut aussi frapper jusqu’à 12 000 fois par jour, la tête atteignant une vitesse d’environ 24 km/h. Mais comment est-ce possible? Pourquoi ces oiseaux ne subissent-ils pas de commotion cérébrale après un seul de ces coups? Voici les cinq principales raisons qui expliquent comment les pics peuvent cogner sans danger.

  1. LEUR CRÂNE EST COMME UN CASQUE
    Contrairement aux humains, le petit cerveau du pic est bien calé dans son crâne et ne flotte pas dans une couche de liquide. Il est constitué d’une couche interne poreuse et d’une couche externe dense qui ont évolué pour protéger le cerveau de l’oiseau. Cette structure absorbe mieux les chocs et disperse l’énergie générée lors du martèlement, empêchant qu’elle soit transmise directement au cerveau. Le crâne du pic agit donc comme un casque intégré et permanent.
  2. LEUR LANGUE EST COMME UNE CEINTURE DE SÉCURITÉ
    Les humains ont beau essayer, ils ne peuvent pas rentrer leur petite langue à l’intérieur de leur crâne. Mais les pics le peuvent, même si leur langue peut représenter jusqu’à un tiers de la longueur de leur corps. En plus d’être un outil redoutable pour attraper des insectes, elle joue un rôle clé de protection en s’enroulant autour du cerveau jusqu’à revenir entre les yeux. Elle peut même se resserrer, formant une véritable ceinture de sécurité autour des tissus nerveux fragiles de l’oiseau.
  3. LEUR BEC EST COMME UN AMORTISSEUR DE CHOC
    Les pics possèdent un bec pointu et dense, avec une légère superposition du bec supérieur sur le bec inférieur. Ce « ciseau » naturel pénètre le bois dur et absorbe une grande partie du choc en redistribuant la force à travers le corps de l’oiseau plutôt que vers la tête. Les fines écailles qui recouvrent le bec contribuent également à amortir l’impact.
  4. LEUR COU PROTÈGE LEUR ÉPINE DORSALE
    Pour que la force du choc ne soit pas dirigée vers la tête, il faut un cou à la fois très fort et très souple, capable de bouger en parfaite synchronisation avec le bec. Le pic peut ainsi maintenir la précision, la puissance et la rapidité de ses coups tout en protégeant sa colonne vertébrale.
  5. ILS ADAPTENT LEUR COMPORTEMENT
    Les pics varient légèrement l’angle de chaque coup, ce qui modifie la direction de l’impact sur leur corps. Ils s’agrippent à l’écorce grâce à leurs pattes puissantes et à leur queue robuste, ce qui réduit encore la force des coups. Le choix de l’arbre compte aussi : ils privilégient les essences de bois dur à écorce tendre, ce qui facilite un martèlement rapide et efficace. Et si vous écoutez attentivement un pic en pleine séance de tambourinage, vous remarquerez qu’il fait souvent une pause!

TALENTS NATURELS


En résumé, le succès du pic repose sur un ensemble d’adaptations anatomiques et comportementales. Chaque espèce de pic a évolué pour s’adapter à son habitat et à ses besoins propres, tout en partageant ces cinq caractéristiques. Au final, la force du choc qui atteint le cerveau – un organe petit et fragile – est de deux à huit fois plus faible qu’à l’extrémité du bec. Selon les chercheurs, pour qu’un pic subisse une commotion, il faudrait un impact environ sept fois plus puissant que celui nécessaire pour blesser un humain.

Envie d’en apprendre davantage sur les pics? Visionnez la nouvelle vidéo sur le grand pic de Faune et flore du pays à https://www.hww.ca/fr/