La fin d’août et le début de septembre sont des périodes de changement.

Les feuilles commencent à changer de couleur et les températures commencent lentement (mais sûrement) à baisser. C’est aussi le moment où l’emblématique papillon monarque migre du Canada vers le sud jusqu’à son aire d’hivernage au Mexique!

Chaque année, les membres de l’équipe de la Fédération canadienne de la faune qui effectue des travaux sur le terrain réalisent un recensement des monarques migrateurs. Pour ce faire, ils utilisent des méthodes mixtes, dont des dénombrements ponctuels. Cette méthode permet à l’observateur de passer au moins cinq minutes dans une position donnée à chercher les monarques migrateurs et à les compter. Les dénombrements ponctuels peuvent être faits n’importe où dans l’aire de répartition des monarques, mais nous nous concentrons souvent sur des endroits comme les bords de route et les corridors hydroélectriques.

Une autre méthode d’enquête importante consiste à chercher les aires de repos des monarques. Les monarques sont des migrateurs diurnes, ce qui signifie qu’ils ne se déplacent que pendant la journée, qu’ils prennent la nuit pour se reposer et qu’ils reprennent leur voyage à l’aube. Les monarques se regroupent souvent dans les arbres le long de leurs itinéraires, s’aidant les uns les autres à rester au chaud pendant la nuit. Il s’agit de dortoirs qui peuvent parfois compter des centaines, voire des milliers de monarques.

Île Main Duck

Cette année, les membres du personnel de la FCF Vincent Fyson et Vicky Papuga, accompagnés du bénévole Alex Stone, se sont rendus sur l’île Main Duck pour effectuer des dénombrements ponctuels et des relevés des aires de repos des papillons monarques. Cette île est située sur le lac Ontario, au sud du comté de Prince Edward. L’île Main Duck est une propriété de Parcs Canada et fait partie du parc national des Mille-Îles.

Emplacement de l’île Main Duck sur le lac Ontario. Carte de base : ESRI

Notre équipe voulait faire des recherches sur l’île, car nous avions l’impression qu’elle pourrait être un point d’arrêt important pour les monarques. Nous sommes arrivés à cette théorie parce que nous savons que les monarques voyagent au-dessus des Grands Lacs, mais qu’ils utilisent généralement les îles comme arrêts sur leur trajectoire au-dessus de l’eau.

Jour 1 : 3 septembre

Nous sommes partis le 3 septembre pour un voyage d’une nuit. Selon les données de migration des années précédentes, nous étions d’avis qu’il s’agissait du pic de migration pour la région. Il nous a fallu environ deux heures pour nous rendre à l’île dans un bateau affrété qui est parti de Picton, dans le comté de Prince Edward. Heureusement, les eaux du lac Ontario étaient assez calmes et nous avions un conducteur de bateau expérimenté.

Une fois arrivés sur cette île pittoresque, nous avons pris le temps de faire une petite visite à pied avec notre conducteur de bateau, qui nous a informés de la présence de serpents sur l’île. Nous avons eu la chance de rencontrer une belle et grande couleuvre d’eau; ces serpents peuvent atteindre plus d’un mètre de long et sont d’excellents nageurs!

Vue à partir du rivage d’une anse sur le côté sud de l’île Main Duck. © Vicky Papuga | FCF

Après avoir installé notre campement, nous avons commencé nos relevés vers 15 h dans le but de réaliser des dénombrements ponctuels sur toute la longueur de l’île, du quai dans la moitié sud jusqu’au phare à l’angle nord-ouest de l’île.

Parcours utilisé pour le dénombrement sur l’île Main Duck. Image : ESRI

En suivant un sentier établi, nous nous sommes dirigés vers le nord et sommes arrivés au phare vers 17 h. En cours de route, nous n’avons pas vu de monarques activement en migration, mais nous avons vu une centaine de monarques se nourrir de salicaire pourpre (Lythrum salicaria) et de verge d’or (Solidago spp.). Nous avons observé des monarques presque partout où nous avons vu de la salicaire. Les monarques semblaient préférer se nourrir de salicaire plutôt que de verge d’or lorsque les deux plantes étaient présentes.

Nous avons vu la plupart des monarques dans deux principaux endroits : dans la pointe nord-ouest près de quelques bâtiments abandonnés et du phare, ainsi que dans la partie sud autour du marais, avec quelques individus dispersés entre les deux. Nous avons également vu de nombreuses chenilles de monarques (au moins 16), principalement près du phare, où se trouve le plus grand nombre  d’asclépiade commune.

En retournant vers notre campement, nous nous sommes concentrés sur la recherche d’aires de repos. Nous avons vu le premier dortoir se former vers 17 h 30 sur un saule près du phare. Nous avons donc pensé qu’il était probable qu’il y ait d’autres dortoirs dans cette partie de l’île, compte tenu du comportement des monarques. Mais nous n’avons pas été en mesure de repérer l’emplacement exact des autres aires de repos.

Monarques qui se perchent sur un saule de l’île pour se reposer. © Alex Stone

Nous n’avons pas vu d’autres aires de repos jusqu’à ce que nous retournions près de la terre humide à l’ouest des quais, où nous avons trouvé quatre dortoirs avec plus de 50 monarques au total! Notre recherche d’aires de repos s’est terminée au crépuscule.

Jour 2 : 4 septembre

Nous avons commencé nos recherches à l’aube le lendemain matin, mais nous n’avons pas vu beaucoup d’activité – même aux dortoirs que nous connaissions – jusqu’à environ une heure après l’aube. Nous avons suivi le même parcours que la veille, en direction du phare situé à l’angle nord-ouest de l’île, et nous y sommes arrivés vers 8 h 30.

Nous avons vu quelques monarques qui se nourrissaient en cours de route, mais pas beaucoup. Le véritable spectacle a commencé après notre arrivée au phare (bien qu’il eût peut-être commencé sans que nous soyons présents!). Nous avons observé un flot continu de monarques s’envoler de la pointe de l’île en direction du nord-ouest, vers le comté de Prince Edward. Nous avons compté 25 monarques quittant la pointe au cours d’un dénombrement ponctuel de 30 minutes. La plupart des monarques semblaient initialement se diriger dans une direction entre l’ouest et le nord-ouest, mais en raison d’une forte brise du sud-ouest, ils ont changé de cap entre le nord-ouest et le nord dès qu’ils se sont trouvés en plein vent, loin de la protection de l’île. Nous avons pu observer certains monarques qui se sont envolés à une distance de jusqu’à 100 mètres du rivage pour ensuite revenir vers l’île.

Nous avons été surpris par le comportement des monarques qui se dirigeaient vers le nord de l’île plutôt que vers le sud, en direction du Mexique. Ce choix de route migratoire peut peut-être être attribué à la direction du vent ou à un autre comportement migratoire.

Nous avons quitté le phare vers 10 h et nous avons observé quelques autres monarques sur le chemin du retour vers notre emplacement de camping.

Occasions de rétablissement

D’après nos observations, il est clair que l’île est un arrêt migratoire important pour les monarques, ainsi que pour d’autres espèces! Alors que nous étions à la recherche de monarques migrateurs et des aires de repos, nous avons également observé un nombre impressionnant d’espèces d’oiseaux, dont de nombreuses espèces de fauvettes, de moineaux, d’oiseaux de proie et, bien sûr, de canards.

Vincent utilise des jumelles pour chercher des monarques et des oiseaux. © Vicky Papuga | FCF

Nous avons remarqué que l’île ne contenait pas beaucoup de ressources en nectar (ou alimentation) pour les monarques. Les monarques migrateurs ont besoin d’une quantité importante de nectar pour soutenir leur migration, car ils doivent s’arrêter et se ravitailler quotidiennement. Les ressources en nectar comprennent les fleurs qui fleurissent de la fin de l’été à l’automne, comme l’aster et la verge d’or indigènes.

Bien que des prés soient présents sur l’île et contiennent quelques espèces indigènes comme la verge d’or, la plupart de ceux-ci sont dominés par des espèces non indigènes et envahissantes comme le dompte-venin de Russie (Vincetoxicum spp.), la vesce et des graminées semées. La ressource florale la plus abondante était probablement la salicaire pourpre que l’on trouvait dans les terres humides et sur les rivages, suivie de la verge d’or que l’on trouvait en petites parcelles sur l’ensemble de l’île.

L’île Main Duck est manifestement un arrêt important pour les papillons monarques en migration. D’après l’étude des cartes et des données, nous nous attendions à ce que ce soit le cas. L’année prochaine, nous tenterons d’élucider d’autres mystères concernant le fascinant papillon monarque et son grand voyage migratoire!

Vue d’une partie de l’habitat sur l’île : à l’arrière se trouve divers arbres à feuilles caduques, tandis qu’au premier plan se trouve une combinaison de dompte-venin de Russie, de graminées semées, de vesce et de verge d’or. © Vicky Papuga | FCF

Si vous voulez en savoir plus sur la façon de contribuer des données sur la migration des monarques, rejoignez le Programme kaléidoscopes pour les monarques!

Si vous voulez en savoir plus sur le travail de la FCF pour rétablir l’habitat des monarques, consultez la page Aidons les monarques.

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