À la Fédération canadienne de la faune, nous nous intéressons grandement à la science relative au carbone emmagasiné dans les prairies.  

Nous nous intéressons non seulement à l’atténuation du changement climatique, mais aussi aux effets des efforts pour emmagasiner du carbone sur la biodiversité. Nous pensons qu’il est possible de conserver la faune des prairies et d’emmagasiner du carbone. Une solution gagnante pour l’environnement et la société.

De là l’utilité des laboratoires vivants.

Le projet des laboratoires vivants est un programme de lutte contre le changement climatique parrainé par Agriculture et Agroalimentaire Canada et mis en œuvre par des collectivités et des chercheurs partout au Canada. En tant que partenaires du laboratoire vivant des prairies du centre, nous souhaitons mesurer l’effet de la gestion des prairies sur l’emmagasinage du carbone dans le sol. Avec des familles d’éleveurs et d’agriculteurs des Prairies, l’Université de l’Alberta, la Saskatchewan Stock Growers Federation, le Saskatchewan Forage Council et bien d’autres, nous voulons profiter de cette occasion d’acquérir des connaissances sur la conservation et l’atténuation des effets du changement climatique.

Les deux récits suivants proviennent d’étudiants qui ont participé au laboratoire vivant de 2024 et qui ont passé leur été dans les Prairies canadiennes pour contribuer à cet important travail.

 

Les prairies immersives

Par Magnus Andersen

Le programme de gestion des écosystèmes du collège Sir Sandford Fleming est conçu pour former des biologistes de terrain et, en tant que jeune diplômé, j’étais prêt. La Fédération canadienne de la faune m’a donné cette chance cet été. J’avais beaucoup aimé étudier les insectes sous la direction de l’entomologiste Braden Evans au collège Fleming et je voulais voir une plus grande partie du Canada. La possibilité de participer à un projet sur le terrain pour étudier les insectes des prairies de la Saskatchewan cochait donc toutes les cases.

J’ai quitté mon domicile à Toronto pour me rendre à Regina avec ma nouvelle collègue Sarah, où nous avons été accueillis par le chef de projet John Wilmshurst. Le trajet de trois heures en voiture jusqu’à Fir Mountain a été une nouvelle expérience – les paysages à perte de vue et les magnifiques collines ondulantes étaient des images dont j’avais seulement entendu parler dans les livres. L’arrivée à notre maison de campagne dans un ranch entouré de vaches et de veaux (et je dis bien entouré) était incroyable, et cela n’a cessé de s’améliorer. Le lendemain matin, nous avons traversé le ranch pour trouver nos premiers sites d’étude; une antilocapre s’est précipitée sur nous (ce n’est pas la dernière fois que ça s’est produit, comme le raconte Sarah) et j’ai vraiment commencé à apprécier la beauté de ce vaste paysage. Les magnifiques prairies à perte de vue dans toutes les directions m’ont donné l’impression que nous étions seuls au monde. Si vous n’avez jamais visité les Prairies, je vous le recommande.

Au cours des deux mois qui ont suivi, je suis rapidement devenu ami avec le reste de l’équipe (Sarah, une compatriote ontarienne, et Janna, qui a grandi dans un ranch voisin). Nous avons partagé les repas, regardé les finales de hockey, travaillé et vécu ensemble. Nous avons assisté à des rodéos, et même regardé Janna participer à une compétition de prise de veau au lasso. Nous avons participé au marquage du bétail, pêché le brochet dans les bourbiers des Prairies et fait des choses que je n’aurais jamais imaginées. Je suis venu en Saskatchewan dans l’espoir de faire progresser ma carrière et de découvrir quelque chose de nouveau. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est d’être exposé à une culture différente dans mon propre pays. Lorsque je repense à cet été, la collecte et le tri d’insectes sont au premier plan, mais ce qui restera également dans mes souvenirs, ce sont ces moments culturels propres à l’Ouest canadien. J’ai assisté au rodéo de mon amie, j’ai vu un cow-boy venir vers nous dans les prairies, j’ai été couvert d’excréments de vache lors d’un marquage au fer rouge, j’ai essayé le cocktail des Prairies, j’ai regardé les veaux jouer au coucher du soleil et je me suis endormi au son des hurlements des coyotes. Et j’ai rencontré tellement de personnes aimables. Ce fut une expérience étonnante et immersive, et je ne peux qu’espérer avoir la chance d’en faire d’autres à l’avenir.

Magnus est diplômé du programme de biologie de la conservation du collège Sir Sandford Fleming à Lindsay en Ontario. Passionné de pêche et de guitare, il a passé son temps libre au sein de l’équipe de la FCF chargée d’étudier les insectes de prairies à chercher les trous de pêche du sud de la Saskatchewan et à jouer de la guitare en écoutant les hurlements des coyotes des prairies.

Accueil chaleureux dans les Prairies

Par Sarah Leppinen

J’ai rejoint l’équipe du projet d’étude des insectes de prairies en tant que technicienne de laboratoire pour la Collection nationale canadienne d’insectes, d’arachnides et de nématodes à Ottawa. L’année dernière, j’ai trié des centaines de bocaux remplis d’insectes provenant de l’équipe sur le terrain qui prélevait des échantillons de nos sites dans le sud de la Saskatchewan. J’ai aidé à traiter ces échantillons en épinglant, étiquetant et triant les spécimens dans une collection organisée. Au cours de l’hiver, mon superviseur m’a demandé si j’aimerais passer l’été de 2024 sur le terrain en Saskatchewan – bien sûr, j’ai dit oui! J’étais ravie d’avoir l’occasion d’explorer une nouvelle région du Canada. Lorsque la saison sur le terrain a commencé, j’ai été livrée à un petit ranch au milieu de nulle part dans le sud de la Saskatchewan avec deux autres membres de l’équipe sur le terrain. Très rapidement et facilement, je me suis adaptée au mode de vie des Prairies : me réveiller le matin avec le chant des oiseaux, partager ma nouvelle maison avec des vaches et leurs veaux, et profiter de la vue sur les magnifiques collines ondulantes.

Il y a tant de petits souvenirs qui ont fusionné pour créer une expérience agréable et immersive. Le travail sur le terrain a rapidement battu son plein, avec ses hauts et ses bas. Certains jours ont été étonnamment froids et d’autres très chauds (38°C!). D’autres jours ont été si humides que notre camion a failli glisser de la route. Nous avons dû faire face à des orages imminents, à des tiques, à une végétation acérée et même à une panne de camion. Mais, grâce à notre équipe phénoménale, ces difficultés ont été minimes par rapport à tous les merveilleux moments que nous avons vécus : la faune étonnante, les conversations amusantes dans le camion pendant que nous nous rendions sur les sites, et le travail acharné à trier les spécimens. J’ai beaucoup aimé toutes les discussions que nous avons pu avoir sur des sujets petits et grands, faciles et difficiles. J’ai acquis beaucoup de connaissances grâce au travail sur les insectes, mais aussi en apprenant à connaître mes collègues aux parcours si différents.

Le travail sur le terrain ne m’a non seulement mise en contact avec les insectes des prairies, mais aussi avec tous les autres précieux animaux de cet endroit. L’une de mes expériences préférées s’est produite durant des travaux dans un pâturage communautaire. Après quelques heures de collecte d’échantillons, seule avec mes pensées et la seule personne à perte de vue – ce qui est une longue distance dans la prairie – j’ai entendu un grognement. Je me suis figée, me retournant lentement, m’attendant au pire : un taureau, un loup, je n’en avais aucune idée. Une antilocapre, l’un des animaux les plus majestueux de la Saskatchewan, se tenait là, à 25 mètres de moi, et me fixait attentivement. Ayant grandi en Ontario, je n’avais pas réalisé que des animaux aussi extraordinaires vivaient au Canada. Elle n’était pas plus une menace pour moi que je ne l’étais pour elle. Je pense qu’elle me mettait au défi de faire une course à pied avec elle, course que je perdrais certainement. Mais sa présence si proche de moi m’a fait l’effet d’un accueil chaleureux dans les prairies, le même que celui que j’avais ressenti quelques semaines auparavant, lorsque je me suis retrouvée au milieu de nulle part, mais en même temps au milieu de tout.

Sarah est une entomologiste basée à Ottawa. Elle a des années d’expérience en laboratoire, où elle identifie des insectes et effectue des tests pour connaître l’effet des pesticides sur l’eau de pluie. Cet été, elle s’est lancée dans le travail sur le terrain et a dirigé l’équipe de la FCF qui prélève des échantillons d’insectes dans les ranchs du sud de la Saskatchewan. Il ne regardera vraisemblablement jamais en arrière.

Apprenez-en plus sur le travail de la Fédération canadienne de la faune sur les prairies indigènes.