Près de 80 % des déchets qui se trouvent dans l’eau sont entraînés dans la mer par le vent et le ruissellement : les déchets routiers se déversent dans nos cours d’eau et finissent dans nos océans.
Alors que de nombreux débris présents dans nos océans sont issus d’objets comme des boîtes métalliques, des filets de pêche et du verre, on estime que 60 à 80 % d’entre eux sont constitués de plastiques à base de pétrole, comme des bouchons de bouteilles, des pellicules de plastique et des bouteilles de shampoing. Lorsque tous ces éléments se retrouvent dans nos plans d’eau, ils polluent l’habitat de milliers d’espèces. Les plus gros débris de plastiques sont susceptibles d’étouffer ou d’enchevêtrer les animaux, tandis que les plus petits envahissent leur estomac et provoquent leur mort.
Nos océans
Une grande partie de nos déchets se retrouve dans cinq plaques situées dans les océans Pacifique, Atlantique et Indien. Ces plaques de déchets sont concentrées dans des tourbillons de courants océaniques naturels, qui occupent 40 % de la superficie des océans. Les chercheurs ont également découvert que des microplastiques avaient atteint l’océan Arctique. À mesure de la formation de la glace à la surface des océans, l’eau gèle en intégrant tout ce qui y flotte, y compris les microplastiques.
Les chercheurs estiment qu’environ 90 % des oiseaux marins ingèrent une bonne quantité de plastiques!
Selon la National Oceanic and Atmospheric Association (NOAA) des États-Unis, près de 100 000 mammifères marins meurent chaque année de causes reliées à des déchets. Les baleines à fanons se nourrissent en ouvrant grand leur bouche pour filtrer l’eau de mer à la surface, attrapant ce faisant des copépodes et d’autres invertébrés. Malheureusement, rien n’empêche les microplastiques de pénétrer dans leur système.
La situation est également préoccupante pour les baleines à dents et les dauphins. Un cachalot a par exemple été retrouvé mort aux Philippines en 2018 avec plus de 40 kilogrammes de plastiques dans son estomac. D’autres baleines comme des épaulards et des cachalots ont été trouvées au Royaume-Uni avec près de 100 kilogrammes de plastiques dans leur estomac.
Dans les eaux canadiennes de l’océan Atlantique, les tortues luth se nourrissent habituellement de cyanées et de méduses lunes. Cependant, les tortues luth avalent sans discernement tout ce qui ressemble à des méduses. C’est sans doute pour cette raison qu’elles ingèrent des déchets comme des sacs en plastique et des ballons dégonflés. Ces objets peuvent obstruer leur intestin et les condamner à mourir de faim, ou alors les empêcher d’absorber correctement les nutriments nécessaires à leur alimentation.
Même les animaux les plus minuscules sont affectés par les plastiques. Lorsque des microplastiques se retrouvent dans l’eau, des animaux microscopiques comme le zooplancton les confondent avec de la nourriture et les ingèrent. Étant donné que le plancton est une proie de choix pour une variété d’espèces comme les moules et les huîtres, et de poissons prédateurs comme les saumons et les harengs, les chercheurs ont mené des études démontrant comment ces microplastiques remontent toute la chaîne alimentaire en causant des dommages en cours de route.
Nos eaux douces
Pendant longtemps, les chercheurs pensaient que les microplastiques flottaient et étaient ainsi rapidement acheminés vers les océans, mais ils ont été également trouvés dans les milieux d’eau douce ces dernières années. Il s’avère que certains microplastiques flottent, tandis que d’autres se déposent au fond des lacs et des rivières. Étant donné que les Grands Lacs sont entourés de villes, il n’est pas surprenant que des microplastiques se retrouvent dans ces importants plans d’eau. Un article publié en 2019 a révélé que les Grands Lacs recèlent jusqu’à 4270 particules de microplastiques par kilomètre de sédiments secs, tandis que le fleuve Saint-Laurent en contient 2444.
Les plastiques sont nocifs à la fois sur les espèces marines et les espèces d’eau douce, y compris sur les poissons. Des chercheurs ont consigné pour la première fois dans les années 1970 des fibres de polymères synthétiques et des granulés plastiques dans le tube digestif des poissons du lac Érié. Les jeunes poissons d’au moins 92 espèces ont été signalés comme mangeant des matières plastiques. Lorsqu’ils avalent des microplastiques, des contaminants peuvent s’en échapper et endommager leur foie. Des chercheurs de l’Institute of Environmental Science de Carleton University ont étudié les leurres en plastique souple fréquemment utilisés dans le cadre des activités de pêche. Ils ont surveillé pendant une durée de deux ans la décomposition d’une variété de leurres, dont certains sont décrits comme étant « biodégradables ». Au fil du temps, la longueur et le poids de ces leurres ont généralement augmenté, tandis que le poids des leurres laissés dans de l’eau chaude a plus que doublé. Une enquête estivale menée sur le lac Charleston a révélé que 17,9 % des pêcheurs interrogés avaient découvert au moins un leurre ingéré par des touladis lors de leur nettoyage. Ces leurres restent dans l’estomac des poissons pendant des périodes inconnues, limitant leur capacité à manger et à digérer des aliments véritables.