La prochaine fois que vous vous baignerez à l’extérieur par une journée d’été et qu’un bateau passera près de vous, plongez la tête sous l’eau et écoutez. Vous découvrirez que le son du bateau est beaucoup plus fort sous l’eau. Ce phénomène s’explique par le fait que le son voyage beaucoup plus efficacement dans l’eau que dans l’air. Imaginez ce que le vrombissement d’un navire-citerne ou d’un traversier au système de propulsion bruyant qui file à toute allure peut produire chez une baleine; il doit probablement l’irriter ou même la blesser.

La communication chez les baleines

Les baleines sont très sensibles au bruit puisqu’elles communiquent entre elles par les sons et certaines les utilisent même pour chasser leur nourriture. L’ouïe offre une manière beaucoup plus efficace que la vue (le sens le plus utilisé par les humains) pour garder le contact dans l’océan, car la lumière ne peut pas pénétrer dans les profondeurs de l’eau, ce qui empêche les baleines de voir très loin autour d’elles. En utilisant les sons, les baleines peuvent communiquer sur de longues distances, ce qui leur permet de rester en groupe, d’éviter que les jeunes ne s’éloignent, de trouver des partenaires de reproduction et de rester à l’affût des autres animaux dans les environs.

Les sons émis par les baleines à fanons sont à la fois profonds, magnifiques et envoûtants. Certaines personnes utilisent même des enregistrements du son de ces animaux lors de séances de yoga et de méditation en raison de leur pouvoir profondément apaisant. Vous trouverez en ligne des heures de ces enregistrements, notamment ici.

 

Les sons au service de la science

En tant que chercheur, j’utilise le son pour étudier les baleines, puisqu’elles sont difficiles à détecter visuellement seulement (car elles passent la majeure partie de leur temps sous l’eau, mais aussi parce que l’océan est une étendue plutôt vaste dans laquelle chercher). Pour ce faire, je procède en deux étapes. Je commence par enregistrer les sons de l’océan pour écouter si des baleines s’y trouvent. Je le fais à l’aide de microphones spécialement conçus fixés à nos glisseurs. Les glisseurs sont des outils parfaits pour enregistrer les sons de l’océan, car ils n’ont pas de moteur et sont très silencieux; les seuls sons captés par le microphone sont ceux des baleines et d’autres bruits sous-marins.

Une fois que le microphone a enregistré des sons, je passe à la deuxième étape, qui est d’arriver à distinguer les différentes espèces de baleines sans même voir quels animaux produisent les sons! Il est très difficile de le faire, et ce, même si on les observe à partir d’un bateau, car le son des baleines peut parcourir dix ou même cent kilomètres à travers l’eau. Le son que l’on entend peut donc provenir d’autres baleines très éloignées.

Connaître les sons de baleines

Je suis en mesure de distinguer les différentes espèces, car heureusement, chaque espèce de baleine produit des sons tout à fait distincts. Les baleines à bosse produisent par exemple des « chants » longs et variés contenant des éléments qui se répètent, tout comme les couplets et le refrain d’une chanson pop à la radio. De leur côté, les baleines franches, qui reproduisent à répétition le même type de sons, ont un répertoire beaucoup plus limité. Vous pouvez écouter certains des sons produits par les différentes espèces de baleine sur notre site Web (placez le curseur sur chacune des icônes de baleine pour écouter un enregistrement de l’espèce).

Kim Davies, titulaire de bourse de recherche postdoctorale Liber Ero, département d’océanographie, Université Dalhousie