Les ours polaires ne sont pas les seuls à subir les effets des changements climatiques.
Les changements climatiques entraînent une hausse des températures dans l’Arctique trois fois supérieure à la moyenne annuelle mondiale. Cette situation a de nombreuses répercussions sur les espèces sauvages de l’Arctique. Toutefois, c’est la vitesse à laquelle la neige et la glace fondent qui a porté le coup le plus dur à ces créatures. Depuis 1979, la glace de mer a diminué de 13 % par décennie. Les ours polaires ne sont pas les seuls à être touchés. Avec la fonte de la glace de mer, les baleines de l’Arctique ont modifié leur mode et leur période de migration. Examinons la situation des deux baleines de l’Arctique qui sont les plus touchées : la baleine boréale et le narval.
La baleine boréale
La glace est essentielle à la survie des baleines boréales. En effet, ces dernières se nourrissent de minuscules créatures marines comme les copépodes et le krill, qui se dissimulent sous des couches de glace pouvant atteindre 46 centimètres d’épaisseur.
Les baleines boréales de l’Arctique pacifique migrent généralement au printemps de la mer de Béring vers la mer de Beaufort, où elles passent l’été et l’automne, en longeant la glace de mer du détroit de Béring. Cependant, les températures se sont tellement réchauffées dans la région que le détroit de Béring ne produit jamais suffisamment de glace de mer pour que la migration vaille la peine pour les baleines boréales.
Entre 2009 et 2021, des chercheurs de l’Université d’État de l’Oregon ont suivi les appels et les chants des baleines boréales afin de surveiller leurs déplacements. Ils ont remarqué qu’au fil des ans, les baleines boréales retardaient de plus en plus leur migration automnale vers la mer de Béring et que certaines optaient plutôt pour le sud de la mer des Tchouktches. En outre, les baleines boréales qui ont migré vers le sud ont décidé de remonter vers le nord plus tôt, lorsque la glace de mer était moins importante.
Il semblerait que les baleines boréales de la région ont de plus en plus tendance à demeurer dans l’Arctique toute l’année. C’est peut-être là le moindre de leurs problèmes, car le manque de glace le long de leur voie de migration peut permettre à d’autres espèces de s’introduire dans la région. Les baleines peuvent donc se retrouver à lutter contre d’autres baleines pour la nourriture et à être davantage exposées au risque de prédation.
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Le narval
Autre baleine de l’Arctique touchée par les effets des changements climatiques, le narval migre d’eaux exemptes de glace vers des eaux recouvertes à 95 % de glace pendant les mois d’hiver. Les scientifiques de l’Institute for the Oceans and Fisheries de l’Université de la Colombie-Britannique suivent les déplacements des narvals à l’aide de dispositifs satellitaires et ont constaté qu’au cours des vingt et une dernières années, les narvals retardent leurs migrations automnales. Tous les dix ans, ils demeurent dix jours de plus que d’habitude dans leurs habitats estivaux.
Les chercheurs ont également remarqué qu’il existe désormais des différences entre les mâles et les femelles au moment du départ pour les migrations automnales. Les narvals mâles ont tendance à s’aventurer en premier hors de leurs habitats estivaux, et les femelles (ainsi que leurs petits) attendent une semaine entière avant de se diriger elles aussi vers le nord.
Le problème? En réalité, il y en a plusieurs. En retardant leur migration, les narvals risquent d’être davantage exposés aux perturbations causées par la navigation, ce qui peut augmenter leur niveau de stress et même entraîner des collisions avec des navires. De plus, ces baleines pourraient se retrouver piégées dans la glace et en mourir.