Le gouvernement du Canada doit-il accélérer son soutien législatif envers les pollinisateurs?
Fin novembre 2019, les nouvelles relatives à l’introduction d’un projet de loi intitulé « Monarch and Pollinator Highway (MPH) Act of 2019 » à la Chambre des représentants des États-Unis est le fruit bienvenu de plus de 20 ans de travail coopératif pour les espèces pollinisatrices aux États-Unis.
L’importance d’une législation fédérale cadre – reconnaissant que la protection des pollinisateurs est essentielle à la fois du point de vue écologique et de la sécurité alimentaire – doit être annoncée dans toute l’Amérique du Nord. Si ce projet de loi est adopté, il aura des effets durables sur la survie et le rétablissement des papillons monarques en voie de disparition comme sur de nombreuses autres espèces de pollinisateurs.
Les États-Unis ont reçu l’autorisation d’aller de l’avant
Ce projet de loi, d’une valeur de 35 millions de dollars sur 7 ans, intime au Department of Transportation (DOT). ministère des Transports fédéral des États-Unis :
- D’attribuer un financement aux ministères des Transports étatiques pour l’aménagement de bords de route respectueux des pollinisateurs
- De développer des directives de meilleures pratiques de gestion à l’échelle nationale
- D’offrir une assistance technique aux bénéficiaires de financement pour la mise en œuvre ou l’amélioration de politiques favorables aux pollinisateurs
Comment les modifications apportées à l’entretien des routes peuvent-elles soutenir les pollinisateurs?
Nous avons constaté que les pratiques développées au cours des 70 dernières années – tonte, pulvérisation d’herbicides, épandage de mélanges de semences non indigènes sur les bords des routes – ont détruit une grande partie de l’habitat de prairies de fleurs sauvages dont les monarques et d’autres pollinisateurs ont besoin pour prospérer.
Avec 4,1 millions de miles (environ 6,6 millions de kilomètres) de routes aux États-Unis, cela représente une énorme perte d’habitat. Beaucoup de ces prairies de fleurs sauvages côtoyaient des champs agricoles dont les cultures étaient pollinisées par ces mêmes insectes. Les rendements de fruits et légumes des exploitations agricoles sont inférieurs lorsque les pollinisateurs ont disparu.
Le décalage du moment de la tonte et la réduction de la quantité de végétation coupée procurent aux chenilles davantage de feuilles et aux papillons adultes davantage de nectar de fleurs dont ils peuvent se nourrir. Au lieu de pulvériser des herbicides à grande échelle sur des kilomètres de bords de routes – et de réduire la végétation à des pelouses dépourvues de pollinisateurs – les gestionnaires peuvent adopter une utilisation ciblée des herbicides et une élimination mécanique des arbres et des arbustes.
Certaines des graminées non indigènes qui ont été plantées dans des mélanges de semences pour stabiliser les sols perturbés sont si agressives que les fleurs sauvages indigènes ne peuvent pas rivaliser. L’utilisation de mélanges de semences indigènes permet aux écosystèmes de prairies naturelles de se rétablir, au profit de nombreuses espèces sauvages. Ces pratiques ont été mises en œuvre par certains ministères des Transports aux États-Unis, avec l’avantage de réduire les coûts d’entretien des routes.
Trente-trois des 52 ministères des Transports étatiques ont déjà mis en place des pratiques respectueuses des pollinisateurs, grâce à des décennies de travail entrepris par des organisations collaboratives comme Pollinator Partnerships et Monarch Joint Venture. Le Monarch and Pollinator Highway Act de 2019 pourrait inciter les États restants à s’inspirer de ces réussites, ainsi qu’à renforcer et améliorer les meilleures pratiques de gestion partout aux États-Unis.
Le Canada doit suivre le mouvement
Pulvérisateur enjambeur travaillant dans un champ de colza au Canada.
Compte tenu du plus d’un million de kilomètres de routes du Canada et des nombreuses espèces de pollinisateurs qui peuplent ses prairies et pollinisent ses cultures agricoles, il y a de bonnes raisons pour qu’une législation cadre fédérale soit également adoptée ici.
La plupart des routes canadiennes sont sous la juridiction des gouvernements provinciaux ou municipaux. Collectivement, les travaux du ministères des Transports des États-Unis ont une incidence sur les monarques et d’autres espèces de pollinisateurs dans une grande partie de leur aire de répartition, qui peut manquer au niveau local. La législation fédérale visant à financer et à soutenir de meilleures pratiques de gestion d’entretien des bords de routes – à l’image des changements de pratiques qui se sont avérés efficaces aux États-Unis – tombe sous le sens tant de manière financière qu’écologique.
Quelle que soit la juridiction, il est temps d’agir et d’accélérer le rétablissement des pollinisateurs avant que des espèces essentielles ne disparaissent à jamais.