L’enchevêtrement d’animaux marins dans des engins de pêche commerciaaux n’est malheureusement pas un nouveau problème.
Il s’agit d’une des plus grandes menaces pour les cétacés dans le monde. Les enchevêtrements se produisent lorsque des cordes, des filets ou des lignes de pêche s’enroulent autour de différentes parties du corps d’une baleine.
La pêche revêt une importance économique et culturelle partout au pays, car elle assure la subsistance de milliers de personnes dans plusieurs provinces. Bien qu’aucun pêcheur n’essaie délibérément de nuire aux animaux, nous devons être conscients de la façon dont ces activités peuvent contribuer aux enchevêtrements. C’est une question que l’équipe de conservation marine de la Fédération canadienne de la faune tente de comprendre.
Au Canada, nous avons de nombreuses pêcheries différentes qui utilisent différents types d’engins de pêche – des grands filets et palangres aux casiers comme ceux utilisés dans les pêches aux crabes et aux homards. Au sein de chacune de ces pêcheries, les pratiques des pêcheurs peuvent être très différentes. Bien que le gouvernement fédéral établisse les règlements, de la saison de pêche aux limites relatives aux engins de pêche, outre les professionnels de l’industrie, nous ne savons pas grand-chose des configurations spécifiques des engins de pêche et des méthodes utilisées pour capturer les espèces ciblées. Ces méthodes peuvent inclure de nombreux éléments susceptibles d’avoir une incidence sur l’enchevêtrement, notamment :
- le type de corde utilisé, y compris la taille et la résistance;
- la profondeur de pêche;
- la façon dont l’engin est relié aux bouées ou à d’autres pièges;
- le nombre de casiers reliés entre eux.
Pourtant, ces informations sont essentielles pour comprendre la répartition des engins de pêche qui présentent un risque d’enchevêtrement pour les baleines, comme la baleine noire de l’Atlantique Nord en danger critique d’extinction.
Comment un enchevêtrement se produit-il?
L’enchevêtrement se produit lorsqu’une baleine et un engin de pêche se trouvent au même endroit en même temps. Par exemple, si un type de pêcherie se fait uniquement dans des eaux très peu profondes où l’on ne trouve pas de baleines, sa menace potentielle est probablement plus faible que celle d’une pêcherie qui se déroule entièrement dans un habitat important pour les baleines. En outre, lorsque nous examinons le risque d’enchevêtrement, nous nous concentrons souvent sur les cordes verticales qui relient différents types d’engins du fond marin à la surface, par rapport à une ligne de fond qui relie plusieurs pièges en une ligne (chalut). Les baleines peuvent entrer en contact avec ce câble vertical à n’importe quelle profondeur de la colonne d’eau, alors qu’elles entreront en contact avec les lignes de fond que lorsqu’elles se trouvent près du fond marin.
Ainsi, une pêcherie qui utilise un seul casier par ligne verticale aura un plus grand nombre de cordes qu’un chalut qui n’a que deux lignes verticales, une à chaque extrémité des casiers reliés. Une baleine qui nage dans une zone où il y a plus de cordages a plus de chances de rencontrer un cordage et de s’y empêtrer que dans un endroit où il y a moins de cordages.
Travaux pour démêler le problème
L’équipe de conservation marine de la Fédération canadienne de la faune a mené des sondages auprès de pêcheurs du Canada atlantique afin de mieux comprendre ces diverses pratiques et d’améliorer notre connaissance des engins de pêche dans les eaux canadiennes, en particulier pour les pêcheries de crabes des neiges et de homards. Combinées aux estimations de la présence des baleines, ces données permettent à notre équipe d’identifier les zones à haut risque d’enchevêtrement avec plus de précision et à plus petite échelle.
Les résultats de nos recherches sont également utilisés pour déterminer les endroits qui pourraient nécessiter des mesures de gestion supplémentaires afin d’atténuer ce risque pour les baleines noires de l’Atlantique Nord et suggérer les mesures de gestion les plus efficaces selon l’endroit et basées sur les pratiques de pêche. Par exemple, une zone où l’on pêche avec des casiers individuels pourrait bénéficier de la connexion de casiers en série et de la réduction du nombre de cordes verticales, tandis qu’une autre pourrait bénéficier de l’utilisation de systèmes d’engins de pêche à la demande.
En bout de ligne, nous voulons tous trouver des façons durables de coexister sur l’eau!