New Species Rewrite the Tundra’s Story

Des castors dans l’Arctique? Oui, vous avez bien lu. Quand vous imaginez l’Arctique, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit? La neige, la glace, les températures glaciales et peut-être l’emblématique ours polaire, le phoque ou le caribou. Mais l’Arctique est en train de changer. Les effets du changement climatique transforment cette vaste toundra et permettent à la faune de s’aventurer dans la région comme jamais auparavant.

Pourquoi les animaux se dirigent-ils vers le nord?

Grizzly photographed in early October, south of Kugluktuk, Nunavut. © Mathieu Dumond | CWF Photo Club

Le changement climatique est en train de réorganiser les écosystèmes du monde entier, et plus particulièrement ceux des régions polaires. Avec la hausse des températures, des régions comme l’Arctique deviennent plus accueillantes pour des espèces qui ne prospéraient autrefois qu’aux latitudes méridionales. Les arbustes et la végétation envahissent la toundra, fournissant de la nourriture à des animaux comme le castor, l’orignal et le lièvre d’Amérique. Parallèlement, le réchauffement des températures océaniques crée des voies d’accès pour le saumon du Pacifique qui explore les rivières et les ruisseaux de l’Arctique. Même les oiseaux migrateurs modifient leurs horaires : ils arrivent plus tôt à leurs sites de reproduction et repartent plus tard.

Cette migration n’est pas une simple dérive accidentelle, c’est une réaction aux profonds changements environnementaux qui se produisent dans l’Arctique. La prolongation des périodes de végétation, le dégel du pergélisol et les nouveaux corridors créés par le recul des glaces encouragent la faune à se déplacer plus au nord. Toutefois, ce mouvement n’est pas sans conséquence. Ces migrations transforment des écosystèmes qui ont évolué pendant des milliers d’années pour prospérer dans des conditions beaucoup plus froides.

Le conte arctique du castor

Beaver on ice. ©Sharon Gallina | CWF Photo Club

Aucune espèce n’illustre mieux cette transformation que le castor. Autrefois limités aux forêts boréales, ces animaux industrieux sont entrés dans la région de la toundra, apportant avec eux leur remarquable capacité à remodeler les paysages. Grâce à l’expansion des arbustes et des jeunes arbres dans l’Arctique, les castors ont accès à de la nourriture et aux matériaux nécessaires à la construction de leurs barrages. Les hivers plus chauds et les eaux plus libres permettent aux étangs qu’ils créent de ne pas geler.

Dans l’ouest de l’Alaska, des images satellites montrent des cours d’eau qui coulaient librement autrefois et qui sont aujourd’hui parsemés de taches noires – des étangs de castors. Ces étangs ont connu une croissance spectaculaire, doublant au cours des 20 dernières années pour atteindre au moins 12 000 étangs dans la toundra arctique de l’Alaska.

Les étangs de castors présentent de nombreux avantages, comme la création d’habitats pour d’autres espèces, l’emmagasinage d’eau, la séquestration de carbone et même le ralentissement des feux de forêt. Toutefois, leur présence dans l’Arctique est une arme à double tranchant. Les étangs qu’ils créent peuvent accélérer le dégel du pergélisol, libérant ainsi du méthane – un gaz à effet de serre bien plus puissant que le dioxyde de carbone – dans l’atmosphère.


Les chercheurs estiment que près de la moitié des espèces de la planète sont déjà en train de se déplacer en raison du changement climatique, et les castors sont un puissant symbole de ce bouleversement. La question demeure : aident-ils les autres espèces à s’adapter en leur offrant un refuge dans l’Arctique ou causent-ils plus de mal que de bien? Quoi qu’il en soit, leur présence est un rappel brutal de la façon dont le changement climatique réorganise les écosystèmes de façon inattendue.

L’afflux du saumon dans l’Arctique

Arctic circle. ©Nina Stavlund | CWF Photo Club

La présence croissante de saumons dans les eaux arctiques suscite à la fois curiosité et inquiétude. S’il s’agit d’un exemple de la façon dont la nature s’adapte au changement, certains s’inquiètent de l’effet sur les espèces de poissons indigènes et sur les pratiques de pêche traditionnelles. Des chercheurs de Pêches et Océans Canada et de l’Alaska Fairbanks University, en collaboration avec des collectivités de l’ouest de l’Arctique canadien, ont établi un lien entre l’explosion du nombre de saumons dans la région et une série de périodes chaudes et sans glace. Il s’agit là d’une autre indication que le changement climatique permet aux espèces d’étendre leur aire de répartition.

Regard vers l’avenir

L’évolution du paysage faunique de l’Arctique est un exemple frappant de la façon dont le changement climatique réorganise les écosystèmes à l’échelle mondiale. Il met en évidence la résilience de la nature, tout en exposant ses vulnérabilités. Les migrations auxquelles nous assistons aujourd’hui sont un signal d’alarme, une occasion d’apprendre, de s’adapter et d’agir avant que les conséquences écologiques ne deviennent irréversibles.

Sources

https://www.sciencedaily.com/releases/2024/06/240605162525.htm

https://blog.ucsusa.org/adam-markham/species-on-the-move-how-climate-change-is-re-making-ecosystems/

https://blog.degruyter.com/how-climate-change-affects-animal-migration-in-the-arctic/

https://www.audubon.org/news/arctic-beavers-are-climate-winners-should-we-let-them-take-over

https://www.theguardian.com/world/2024/jan/02/global-heating-beavers-alaska-northern-canada

https://canadiangeographic.ca/articles/study-finds-moose-are-on-the-move-as-the-north-warms/