Les écosystèmes de savanes à chênes du sud de l’Ontario abritent des espèces végétales très rares et uniques, notamment le lupin vivace et la vesce de Caroline.
Ces deux fleurs sauvages printanières font partie de la famille des légumineuses, qui sont apparentées aux haricots et aux pois. Cette famille est la quatrième famille végétale la plus riche en biodiversité au monde, après celles des graminées, des orchidées et des tournesols. Le sud de l’Ontario compte à lui seul 37 espèces de plantes indigènes de la famille des légumineuses. Toutes sont très importantes dans leurs écosystèmes respectifs, car elles captent l’azote atmosphérique, améliorent la fertilité des sols et sont bénéfiques pour les plantes environnantes. Les légumineuses soutiennent également les abeilles indigènes spécialisées.
Bien que le lupin vivace ait été rétabli avec succès dans plusieurs régions de son aire de répartition au Canada, la vesce de Caroline ne se porte pas aussi bien. Avec à peine une poignée de très petites populations dispersées, cette espèce souffre d’une faible diversité génétique et d’un faible apport de nouveaux semis, en grande partie en raison de la concurrence de plantes envahissantes et des sécheresses printanières de plus en plus fréquentes. Malheureusement, la vesce de Caroline n’est pas légalement protégée et ne fait l’objet d’aucun programme de rétablissement officiel, contrairement à la plupart des espèces rares désignées comme étant en péril.
Les efforts de rétablissement de la vesce de Caroline en péril
Dans le cadre d’efforts entrepris localement pour la conservation de la vesce de Caroline, j’ai effectué le suivi des populations et pris le soin de collecter quelques graines afin de propager cette espèce dans des conditions idéales. La multiplication de légumineuses peut s’avérer une tâche difficile : certaines espèces nécessitent en effet la présence de bactéries, ainsi qu’une texture, une humidité et un pH du sol très spécifiques.
Avant de tenter de propager – ou de rétablir – la vesce de Caroline, je souhaitais avoir une meilleure connaissance des habitats où elle s’épanouit actuellement. Comme son nom l’indique, la vesce de Caroline est plus commune en Caroline du Nord et en Caroline du Sud, et se fait plus rare à mesure qu’elle s’étend vers le Nord. Ce printemps, je suis donc parti dans l’État de New York pour essayer de trouver des populations de vesces de Caroline plus nombreuses et plus saines, poussant dans des habitats qui correspondent davantage à leur habitat idéal.
Dans l’État de New York, cette espèce ne se trouve qu’au sommet des montagnes du plateau appalachien. On la trouve dans les clairières forestières sèches, à proximité des chênes et des pins, mais elle pousse également dans les biocroûtes de mousses en compagnie d’espèces associées en Ontario aux communautés d’alvars des prairies, comme le bleuet à feuilles étroites (ou bleuet nain), la verge d’or des bois, l’ancolie et l’antennaire de Parlin (ou antennaire litigieuse). Les populations de l’État de New York poussent moins à l’ombre que celles de l’Ontario, et dans des zones présentant davantage de couvertures de mousses et de plantes herbacées, et moins de litière de feuilles accumulées. Certaines plantes poussent dans les zones forestières ouvertes, sans strate arbustive, mais les plus grandes, qui poussent sur les arbustes, se trouvent à la lisière de la forêt.
Plusieurs espèces exotiques de vesces sont présentes au Canada et peuvent être confondues avec la vesce de Caroline! La vesce de Caroline fleurit au printemps (vers le 15 mai dans le sud de l’Ontario), généralement avant les espèces de vesces exotiques. Les fleurs sont de couleur lilas pâle, et non violet foncé ou magenta comme la vesce commune (ou vesce cultivée). Les tiges sont glabres et teintées de rouge au printemps. Une fois que les fleurs ont fané et que les autres plantes de sous-bois ont disparu, la vesce de Caroline devient presque invisible et difficile à surveiller. La fenêtre d’opportunité pour collecter les graines est tout aussi étroite. Les petites gousses qui ressemblent à des pois mûriront d’ici le mois de juillet, sécheront, se fissureront et s’ouvriront sous forme de spirale, projetant les graines à plusieurs mètres de distance dans toutes les directions.
J’ai hâte d’exploiter les connaissances que j’ai acquises dans l’État de New York pour tenter de propager cette légumineuse rare! Il est également possible de consulter des protocoles en ligne, mais rien ne vaut l’expérience pratique : tâter le sol, noter les espèces compagnes de la vesce de Caroline et l’orientation de ses fleurs.
Aider les plantes indigènes dans votre jardin
Il existe d’autres légumineuses indigènes qui soutiennent la faune et sont beaucoup plus faciles à cultiver à partir de graines dans votre jardin. Parmi celles-ci figurent notamment la lespédèze (Lespedeza capitata), la desmodie du Canada (Desmodium canadense) et le strophostyle ocracé (Strophostyles helvola). Il est essentiel de conserver les plantes indigènes, car elles contribuent à filtrer l’eau, à améliorer la fertilité des sols et à fournir de l’ombre, tout en soutenant les pollinisateurs et d’autres insectes utiles. En cultivant des plantes indigènes régionales, vous pouvez ainsi contribuer à soutenir la faune locale et migratrice. Effectuez une recherche rapide ou détaillée pour trouver des plantes indigènes de votre province qui correspondent aux conditions de croissance de votre jardin, en consultant l’encyclopédie des plantes indigènes de la FCF